Facebook et l’intimité publique
Si vous êtes gestionnaire d’une page Facebook commerciale ou d’une page « J’aime », vous êtes certainement à l’affût de l’évolution du nombre de « J’aime » et de celui du nombre de personnes qui parlent de votre page, autrement dit de son « taux d’engagement ». Vous avez certainement remarqué que plus vos fans interagissent avec votre page, parlent de vous, aiment votre contenu, font des commentaires, partagent vos publications, plus votre « taux d’engagement » augmente et plus vous avez de la visibilité.
Vous savez maintenant qu’avec l‘algorithme « Edge Rank » de Facebook, il devient de plus en plus difficile d’atteindre les adeptes de votre page sans avoir à payer pour que vos publications soient vues. C’est à dire que vous devez redoubler d’efforts pour maintenir votre « taux d’engagement » le plus élevé possible pour atteindre le plus de visibilité possible.
Oui mais par quoi commencer? Comment faire pour augmenter le nombre de personnes qui parlent de vous, de vos contenus, de votre page Facebook?
Il existe de multiples facteurs capables d’influencer ces chiffres. Mais aujourd’hui, j’aimerai vous parler d’un facteur en particulier que j’ai affectueusement baptisé « l’intimité publique » sur Facebook.
Qu’est que l’intimité publique sur Facebook?
D’après-vous, pourquoi les gens vont-ils sur Facebook?
Avant de vous lancer dans l’écriture de votre statut, sachez que la plupart des « facebookiens » veulent se divertir et se sentir reliés à une communauté. Une autre pratique largement répandue sur ce média social est le voyeurisme (voir ce que les amis font, voir les photos de ses amis, les commenter). Dans certains cas, on note également un certain exhibitionnisme. Tout ici est une question de partager son quotidien ou prendre connaissance de celui des autres.
Effectivement, Facebook a ce trait particulier de favoriser les confidences, de parler de notre intimité de manière plus ou moins publique (tout dépend des paramètres de confidentialité que vous avez configuré). Les gens parlent de leur « petit vécu », de ce qui se passe dans leur tête, dans leur maison, dans leur famille, dans leur milieu de travail, et vont raconter des anecdotes de leur quotidien. On y retrouve beaucoup de publications que plusieurs trouveront d’ailleurs futiles et sans intérêt. Mais c’est ça, la culture de Facebook. Un paradoxe: celui de l’intimité publique.
L’entreprise et l’intimité publique
Sachant ces différentes pratiques, en tant qu’entreprise, comment fait-on pour s’insérer dans ce « jeu » social et intime? Comment jouer au caméléon pour entrer dans cette culture particulière sans être vu comme un perturbateur à l’image des télé marketeurs qui appellent les gens à l’heure du souper?
Selon les témoignages de collaborateurs, de mes clients et de mon expérience en tant que gestionnaire de ma page d’entreprise, j’ai remarqué à quel point mes « fans » sont davantage portés à interagir avec des contenus qui sont porteurs d’une intimité publique.
Par exemple, une de mes clientes, rédactrice en chef d’un webzine traitant de la condition des femmes, a obtenu pas loin de 200% pour son taux d’engagement au début de 2012 sur Facebook. Lorsque j’ai vu ça, j’ai voulu savoir qu’elle était son analyse de cette situation quasi miraculeuse (la moyenne se situait à l’époque entre 5 et 10%). « On sait ben Marie-Jacques! Les photos de femmes nues, c’est ça qui pogne! ».
C’était une boutade, bien évidemment, elle disait ça en riant, mais il y avait quand même un fond de vérité. La raison de ce succès foudroyant était la publication, en moins d’une semaine, de deux images choc. L’une d’entre elles était une publicité pour sensibiliser les gens au cancer du sein. L’autre photo visait à dénoncer l’anorexie chez les mannequins, et les images valorisant le rachitisme chez les femmes dans le milieu de la mode. Pourquoi celles-là plus que les autres? Sans doute parce qu’elles touchent directement l’émotion. Sans mettre de gants blancs!
Pas étonnant d’observer par ailleurs que les entreprises qui fonctionnent le mieux sur Facebook sont celles dont les contenus sont proches du quotidien des gens, comme les épiciers Métro par exemple. La bouffe, c’est 3 fois par jour, dans nos maisons, dans nos bureaux, partout.
Bien sûr, nous n’avons pas tous la ligne éditoriale qui va avec de telles publications choc, ou de tels produits proche du quotidien des gens. Alors, que faire?
La météo, les états d’âmes, le visage humain derrière l’entreprise.
Je vois également ce phénomène sur ma propre page Facebook. Par exemple, une photo prise à l’intérieur de ma maison, alors qu’il y a une impressionnante tempête de neige à l’extérieur alors que je travaille de la maison. J’avais intitulé cette photo : « Soyez prudents si vous prenez la route ce matin, je pense à vous! ». À ma grande surprise, cette publication a été plus populaire que les précieuses informations que je publie au sujet des médias sociaux…
Je publie parfois ce que je grignote en travaillant (et j’en profite pour faire l’éloge d’une entreprise locale chère à mon cœur), à quoi j’occupe ma journée (j’en profite pour faire un clin d’œil à un client), etc. J’obtiens souvent beaucoup plus d’interactions avec les fans de ma page avec ces « futilités » qu’avec tous ces contenus « sérieux » que je publie suite à mes activités de veille au sujet du web social.
Facebook, c’est vraiment social, dans le sens « small talk » de l’affaire. Vous avez peut-être déjà remarqué ce phénomène aussi?
Fidélisez vos relations avec de « charmantes futilités », mais payez pour que vos contenus plus « fibreux » soient vus par ceux qui ne vous connaissent pas.
C’est encore plus flagrant depuis le retour des fêtes. Ceux qui expriment le plus fort taux d’engagement avec mes publications sont ceux qui m’aiment pour vrai dans « la vraie vie ». Autrement dit, ceux que je côtoie (avec plaisir) en dehors de Facebook.
La morale de l’histoire? Servez-vous de ceux et celles qui ont été les premiers à aimer votre page d’entreprise, vos amis, famille et proches collaborateurs. N’ayez pas peur d’être plus « personnel », de montrer un visage humain. Affirmez que vous n’êtes pas juste une entreprise froide et impersonnelle. Affichez ce qui se passe dans les coulisses de vos activités, si vous ne le faites pas déjà. Et simplement, observez les résultats.
Facebook favorise votre visibilité auprès de ceux qui interagissent déjà avec vous, mais restreint (volontairement?) votre visibilité auprès des autres, ceux qui consomment passivement ce que vous publiez. Il est sage de maintenant aborder Facebook comme un outil intéressant pour nourrir le contact avec ceux qui sont déjà proches, mais par ailleurs comme une plateforme publicitaire payante pour rejoindre les autres.
Si vous voulez en lire davantage sur la psychologie et l’intimité publique sur Facebook, je vous conseille l’excellent billet publié par Michelle Blanc: Pourquoi c’est gagnant de parler de son chien ou de ses enfants sur les médias sociaux.
Et vous? Avez-vous observé la même chose dans la réponse de vos fans à votre page Facebook?